Marie Meulien

Hydrocharis morsus-ranae

À fleur de vase
Sublimant les eaux noires
Lentes dormantes
De la Vieille-Seille
Palpite un radeau vert
Aux limbes piqués d’or.

Hydrocharis morsus-ranae
Dit morène des grenouilles
Ou petit nénuphar...

Verte moire piquée d’or
Mort d’un méandre de la Seille
Par les hommes amputé.
Vert noir qui dort.
Eaux si lentes dormantes
Désormais.

Or, même dans son bras
Manquant, le mutilé ne cesse
De ressentir encore
L’ondoyante agile caresse
Du courant.

À chaque printemps
Refleurit
Hydrocharis morsus-ranae
Dit morène des grenouilles
Ou petit nénuphar...

À chaque printemps
Petit nénuphar, succède l’été
Hydrocharis morsus-ranae.
Et chaque été, sur la Vieille-Seille
Palpite un radeau vert
Aux limbes piqués d’or.

Hydrocharis morsus-ranae
Dit morène des grenouilles...

Vois, petit Nénuphar,
De la rive, l’aigrette blanche
Se détacher déjà,
Ses ailes de lumière
Emportant l’ombre...
Hydrocharis morsus-ranae.


Poème de Marie Meulien
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